À Quoi Ça Rime - N°1 - Novembre 2024.
- Matthieu Dufour

- 9 févr.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 févr.

À quoi ça rime de lancer une revue de poésie en 2024 alors que le monde s’enfonce chaque jour un peu plus dans un chaos binaire, au son d’un fracas simpliste et haineux ?
À quoi ça rime d’imprimer une revue de poésie en 2024 alors que le monde n’est plus qu’accélération numérique et saturation d’images éphémères ?
Nous n’avons pas la réponse, mais poser la question est notre façon d’engager la conversation, d’ouvrir un dialogue avec vous autour de cette parole singulière qu’est la poésie.
Une parole d’avant ou d’ailleurs, une parole parallèle au langage (Jean-Paul Sartre :« Les poètes sont des hommes qui refusent d’utiliser le langage. »), une parole qui n’a cure des barrières, des contraintes, des règles, des usages, des croyances. L’antidote à la pensée unique. Une parole nue et universelle, une parole désorganisée, chaotique, qui dit vrai, qui prédit parfois, une parole qui touche au sacré, un sacré païen. Une parole qui organise elle-même ses structures, ses frontières, son destin. Une parole qui est une résistance innée.
Lancer une revue de poésie en 2024, ça rime peut-être à ça : tenter de « réinventer l’espoir » pour reprendre les termes de Bonnefoy.
Ça rime peut-être à rechercher les bouffées de bonheurs nées de ces instants où tout s’arrête, où le temps se suspend. À se laisser surprendre par ces deux mots qui se percutent, ces sonorités qui s’entrechoquent pour donner naissance à une nouvelle entité. À se laisser cueillir par une nouvelle émotion. Ces moments de fragile vulnérabilité, quand les carapaces, les armures se fendillent enfin, quand les armes tombent, que l’on s’approche de la vérité, de la nudité intérieure. Ces quelques secondes d’authenticité dépouillée.
Ça rime peut-être à échanger autour de cette poésie qui n’est pas que dans les textes des poètes mais aussi dans la rue, nos demeures, nos rapports humains, nos regards, nos gestes, nos promesses, nos doutes, nos voyages qu’ils soient lointains ou imaginaires.
Ça rime peut-être à la rechercher partout où elle est, là à portée de main, dans ce graffiti ou dans cette assiette, dans ces chaussures abandonnées dans le caniveau ou ce vélo désossé, dans une feuille qui ressemble au delta d’un fleuve inconnu, dans le grain d’une voix inconnue, dans ces nuages qui se disloquent dans l’aube qui s’enflamme.
Lancer une revue de poésie en 2024, ça rime peut-être à essayer de rester envie et en vie.
Simplement.
À quoi ça rime, fanzine poético-graphique créé en 2024 par Pascal Blua, Matthieu Dufour et Gildas Secretin. Chaque nouveau numéro donne lieu à un week-end d'exposition et de rencontres à la Galerie La Moulinette, 81bis rue Lepic, Paris 18.
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